Billet d’actualité : Histoire de chiffres et de réalités

Il y a quelques années, la journaliste Rima Elkouri, tentant de s’y retrouver dans les données linguistiques du recensement, se demandait un peu à la blague si elle était une allophone, une francophone ou un téléphone. Elle confessait se sentir un peu à l’étroit dans les petites cases des statisticiens.

Pourquoi vous raconte-t-on cela? Parce que l’utilisation par Dany Turcotte à Tout le monde en parle, dimanche soir, du chiffre de 2,7 millions pour définir les communautés francophones et acadiennes a relancé le débat sur le nombre « réel » de francophones vivant en milieu minoritaire. Certains ont avancé que seuls ceux et celles qui ont français comme langue maternelle, et ceux et celles qui parlent toujours français le plus souvent à la maison, devraient figurer dans cette petite case.

Selon cette définition, trois des employés et employées de la FCFA ne sont plus des francophones. Deux sont nés respectivement au Burundi et au Chili et ont une autre langue maternelle que le français ; le troisième parle à égalité le français et l’anglais à la maison. Trouvez l’erreur.

Nous sommes en 2018. La francophonie a changé. Près de 30 % des francophones de la Colombie-Britannique et 26 % de ceux et celles de l’Alberta ne sont pas nés au Canada. Un nombre croissant de personnes de langue anglaise vivent en partie en français à la maison parce que leur conjoint ou conjointe est francophone et leurs enfants fréquentent nos écoles.

Qui sommes-nous pour statuer sur leur appartenance? Qui sommes-nous pour trier qui se situe à l’extérieur de la francophonie plutôt qu’à l’intérieur? Qui sommes-nous, dans le cas spécifique qui nous occupe, pour dire qu’ils ne font pas partie du public que Radio-Canada, comme diffuseur public national ET comme institution fédérale, devrait viser lorsqu’il parle du fait français ailleurs qu’au Québec?

Bien sûr que les 2,7 millions de personnes qui parlent le français ne participent pas tous et toutes à la francophonie. Mais les autres définitions possibles – langue maternelle, langue parlée à la maison, première langue officielle parlée – souffrent tout autant de myopie par rapport à une réalité de plus en plus complexe.

À la FCFA, si on nous donne le choix entre deux statistiques foncièrement imparfaites pour dépeindre tout le spectre des façons de s’identifier à la francophonie ou d’y participer, nous ferons toujours le choix de la plus inclusive. C’est une question d’ouverture et d’humilité. C’est aussi une question de non plus uniquement protéger la francophonie, mais aussi la partager.

Différentes statistiques dépeignent différentes facettes d’une réalité et sont utiles dans différents contextes. Autour du noyau dur formé de 1,1 million de personnes pour qui le français est la principale langue de communication, peu importe leur langue maternelle, il y a ce fruit de 1,6 million de personnes qui ont appris le français et l’utilisent beaucoup, modérément ou un peu dans la vie quotidienne. Le potentiel de croissance de la francophonie, il est là. Et dans le cas qui nous occupe, le public de Radio-Canada et de l’émission Tout le monde en parle – qui, à ce que l’on sache, n’ont pas comme mandat de s’adresser aux seuls francophones de langue maternelle – il est là.

Utiliser ce chiffre ne revient pas à nier le défi majeur de l’assimilation. Pas plus que de corriger les propos de Denise Bombardier sur la disparition de nos communautés ne revient à dire que tout va bien en francophonie. Trouver des solutions à ce défi majeur? Oui, absolument, et nous y travaillons à chaque jour. Continuer d’exclure systématiquement les immigrants et immigrantes qui ont choisi le français, les parents anglophones qui se portent volontaires pour les sorties scolaires dans nos écoles, les gens qui se battent à nos côtés et participent à nos communautés? Non, cent fois non.

Si notre francophonie existe toujours dans 40 ans, elle sera portée non plus seulement par les enfants qui sont présentement dans nos écoles, mais aussi par tous ceux et toutes celles qui ont choisi de vivre une partie de leur vie en français, peu importe leur origine ou leur langue maternelle.

Autant commencer à les inclure maintenant.

La FCFA lancera la Semaine nationale de l’immigration francophone en tenant une cérémonie de citoyenneté

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada donnera le coup d’envoi à la 6e Semaine nationale de l’immigration francophone, lundi prochain, en organisant une cérémonie de citoyenneté à la Nouvelle Scène Gilles-Desjardins. Lors de cet événement, en présence du secrétaire parlementaire Matt DeCourcey, 32 candidates et candidats deviendront des Canadiens et des Canadiennes.

« C’est notre manière de dire bienvenue aux nouvelles citoyennes et nouveaux citoyens dans une grande famille canadienne qui est riche de ses deux langues officielles. En même temps, c’est une occasion de montrer que les communautés francophones et acadiennes sont ouvertes, inclusives, diversifiées. C’est important de lancer le message que les gens issus de l’immigration sont une force pour une francophonie plurielle, aux mille accents », déclare le président de la FCFA, Jean Johnson.

La cérémonie aura lieu à 12 h 30. Elle se déroulera dans les deux langues officielles et sera suivie d’une performance des élèves du Centre d’excellence artistique de l’Ontario de l’École secondaire publique De La Salle.

Coordonnée par la FCFA, les Réseaux en immigration francophone (RIF), la Semaine nationale de l’immigration francophone vise à célébrer les contributions des immigrants et des immigrantes à la vitalité et au dynamisme des communautés francophones et acadiennes. Du 4 au 10 novembre, près de 100 activités locales, provinciales et nationales auront lieu partout au pays, dont des célébrations en milieu scolaire, des ateliers et formations sur la thématique de l’immigration, des soirées culturelles, etc. Retrouvez toutes les activités sur le calendrier du site www.immigrationfrancophone.ca

Services en français des institutions fédérales : un nouveau règlement plus généreux et inclusif, se réjouit la FCFA

« Pour la première fois en 27 ans, le gouvernement a modernisé les règles du jeu qui déterminent où les gens peuvent être servis en français par les institutions fédérales, et le résultat est plus généreux et inclusif. C’est vraiment une excellente nouvelle pour les francophones ». C’est ce qu’a déclaré le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada, Jean Johnson, à la suite du dévoilement de la nouvelle version du Règlement sur les langues officielles – communications avec le public et prestation de services, cet après-midi au Parlement.

Le Règlement définit comment, concrètement, doit s’appliquer la partie de la Loi sur les langues officielles qui parle du droit de recevoir des services et des communications dans la langue de son choix. « C’est là qu’on trouve notamment toute la notion de demande importante. Or, le nouveau Règlement va changer la façon de calculer le nombre qui sert à déterminer la demande importante, pour inclure aussi les familles bilingues, les immigrantes et immigrants, et les anglophones qui vivent en français, qui n’étaient pas pris en compte auparavant », explique M. Johnson.

Le nouveau règlement prévoit également une « clause grand-père » qui garantit le maintien de bureaux fédéraux bilingues dans les communautés dont le poids démographique baisse par rapport à la majorité, mais dont la population francophone demeure stable en nombres absolus. Par ailleurs, la présence d’écoles de langue française sera maintenant prise en compte dans la demande importante.

Enfin, certaines institutions fédérales auront des obligations plus exigeantes en matière de services et communications bilingues : c’est le cas des aéroports et gares de toutes les capitales au pays, de Service Canada, de la Banque de développement du Canada et des agences de développement économique régionales.

« Tout le projet de modernisation de la Loi sur les langues officielles tourne autour d’une volonté de donner un nouvel élan à la dualité linguistique au pays. Avec ce nouveau Règlement, le gouvernement vient de franchir un grand pas en avant vers cet objectif. Ça augure bien pour les prochaines étapes qui mèneront à la refonte complète de la Loi », souligne M. Johnson.

La FCFA tient à reconnaître le travail effectué pour la modernisation du Règlement par le président du Conseil du Trésor, l’hon. Scott Brison, et la ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie, l’hon. Mélanie Joly. La Fédération est également très satisfaite de la manière dont les consultations pour la révision du Règlement ont porté fruit. « C’est vraiment un très bel exemple de consultation bien menées, qui ont intégré les commentaires des communautés pour produire des résultats positifs », déclare M. Johnson.

Billet d’actualité : Les deux solitudes francophones

« À travers le Canada, toutes les communautés francophones ont à peu près disparu. Il en reste encore un peu en Ontario. Au Manitoba j’y suis allée encore au mois de janvier, chez les Métis, là. On ne parle plus le français ». Ces mots de Denise Bombardier à Tout le monde en parle, dans le vif d’un échange avec Jean Chrétien sur l’état du français au pays, ont fait sursauter – à juste titre – des francophones des quatre coins du pays. Plusieurs, sur les médias sociaux, ont donné voix à leur irritation.

Les francophones, les Acadiens et les Acadiennes qui, partout au pays, travaillent dur à chaque jour pour vivre dans leur langue et la transmettre à leurs enfants, sont justifiés d’être offusqués par de telles affirmations. De se demander quels endroits Madame Bombardier a visité, qui elle a rencontré, à qui elle a parlé pour pouvoir poser un jugement tellement final sur l’état de nos communautés. De ressentir et d’exprimer de la frustration parce qu’encore une fois, des leaders d’opinion au Québec parlent de nous, mais pas *à* nous, ou encore nous écorchent au passage pour sonner l’alarme sur l’état du français au Québec (« Si ça continue, on finira comme les Acadiens/les Franco-Manitobains/etc. »)

Il est là, le cœur du problème : les invités et invitées à Tout le monde en parle – dont presqu’aucun n’a contredit Mme Bombardier – se parlaient entre eux. Entre Québécois et Québécoises. Inversement, les réactions à cette affirmation, sur les médias sociaux, sont principalement le fait de francophones ailleurs qu’au Québec. Peu de médias québécois s’y sont intéressés. En d’autres mots, on se parle entre nous mais on ne se parle pas les uns aux autres.

Nous sommes les deux solitudes francophones.

Pourtant, nous avons tant en commun, à commencer par les défis démographiques, linguistiques, politiques, économiques, culturels majeurs auxquels fait face le français, tant au Québec qu’ailleurs au pays. Alors… si, au lieu de perpétuer un discours vieux de 40 ans sur la disparition inévitable de nos communautés, les leaders d’opinion québécois et québécoises venaient à notre rencontre? Si les émissions comme Tout le monde en parle donnaient aux communautés francophones et acadiennes une tribune pour répondre à ce discours? Pour expliquer, dire, montrer ce que nous sommes, à la fois dans notre vulnérabilité et nos accomplissements?

Les Québécois et les Québécoises ne nous connaissent pas, et notre invisibilité dans les médias de la province (ou les médias nationaux qui y ont leur siège social) n’aide pas. Le résultat, c’est que nous regardons, sans voix, pendant que d’autres discutent de notre état.

Pourtant, nous travaillons fort, nous aussi, à protéger et perpétuer le français en terre d’Amérique.

Est-ce qu’on pourrait commencer à se parler pour de vrai?

 

Jean Johnson, président

Billet d’actualité #3 : Une sortie surprenante du commissaire aux langues officielles

Il y a deux semaines, le commissaire aux langues officielles Raymond Théberge a posé un geste assez inusité : il a émis une déclaration publique sur un de ses rapports d’enquête. Dans ce cas-ci, il s’agissait du rapport préliminaire d’enquête sur l’entente entre le gouvernement fédéral et Netflix.

La déclaration était inusitée parce qu’habituellement, les rapports d’enquête produits par le commissaire à la suite de plaintes ne sont pas rendus publics. Clairement, M. Théberge avait quelque chose d’important à dire. Plus précisément, ceci :

« Il est important de comprendre que la décision récente de la Cour fédérale (…) a une incidence considérable sur l’interprétation de la partie VII de la Loi sur les langues officielles. Cela se reflète dans le cadre de mes activités, par exemple sur l’enquête visant Patrimoine canadien et l’entente d’investissement avec Netflix. C’est pourquoi j’ai décidé de porter cette décision en appel le 21 juin 2018. Et, pendant que l’appel est en cours, notre interprétation des obligations de la partie VII de la Loi s’aligne avec la décision de la Cour fédérale ».

Le commissaire réfère à un jugement rendu par la Cour fédérale en mai dernier, dans une cause intentée par la Fédération des francophones de la Colombie-Britannique (FFCB) contre Emploi et Développement social Canada. Essentiellement, la FFCB accusait EDSC de n’avoir pas pris de mesures positives pour empêcher que le transfert de la gestion des fonds en aide à l’emploi au gouvernement provincial n’ait pas d’impact négatif pour la communauté francophone (il y en a eu).

Où est le lien avec la déclaration du commissaire? Il est dans le rejet, par la Cour fédérale, de l’argument de la FFCB sur la question des mesures positives… et surtout, dans comment le juge a rejeté cet argument.

Depuis 2005, la partie VII de la Loi impose aux institutions fédérales l’obligation d’adopter des mesures positives pour appuyer le développement des minorités de langue officielle et favoriser leur épanouissement. En une décennie, il s’est fait un énorme travail auprès des institutions fédérales pour qu’elles comprennent mieux comment s’acquitter de cette obligation.

Puis, voici qu’un juge de la Cour fédérale, lisant mot pour mot le libellé de cette obligation, conclut qu’elle est essentiellement vague et peu contraignante. Pour le juge, l’obligation de mesures positives devait s’accompagner d’un règlement officiel dictant comment le faire. Puisqu’il n’y en a pas, de règlement, c’est un peu comme si le juge disait que cette obligation ne vaut pas le papier sur laquelle elle est écrite. Cela équivaut à jeter à la poubelle 13 ans d’interprétation de la partie VII, avec tous les principes et les lignes directrices qui ont été pondues depuis ce temps pour appuyer les institutions fédérales.

Aucune surprise, donc, que le commissaire (qui était d’ailleurs intervenant dans la cause) ait porté, avec la FFCB, appel de ce jugement désastreux.

Ce qui est surprenant, en revanche, c’est d’apprendre cinq mois plus tard que le commissaire a revu sa façon d’enquêter sur les plaintes déposées en vertu de la partie VII et s’est mis à appliquer systématiquement la nouvelle interprétation de la Cour fédérale. Conséquence : la plupart des plaintes sur la partie VII sont maintenant jugées non fondées.

On nous dira que le commissaire n’a pas le choix. Peut-être, mais il est tout de même regrettable que cette modification aux enquêtes du commissaire se soit faite discrètement, sans que la FCFA ou d’autres intervenants communautaires soient mis au courant – pourtant, lorsqu’on parle de mesures positives, c’est de nos communautés qu’il est question! Il y avait – et il demeure – une belle occasion pour le commissaire d’utiliser son pouvoir politique pour saisir tout ce qui bouge sur la Colline parlementaire de la situation intolérable dans laquelle il se trouve à la suite de ce jugement.

Il serait aussi bien que la ministre Mélanie Joly, pendant que le jugement est en appel, émette une directive à l’endroit de l’ensemble de l’appareil fédéral pour dire clairement que le gouvernement continue à s’attendre au plein respect des obligations de la partie VII de la Loi et que les outils développés à cet égard demeurent en vigueur. Notre président, Jean Johnson, en a d’ailleurs discuté avec elle pendant le Sommet de la Francophonie à Erevan (Arménie) la semaine dernière.

L’essentiel, c’est de faire quelque chose. Sinon, le message qu’on lance aux ministères et agences du gouvernement, avec le jugement et la nouvelle manière de mener des enquêtes sous la partie VII, c’est qu’ils peuvent oublier tout ce qu’on leur a dit au cours des 13 dernières années par rapport à la prise de mesures positives pour appuyer le développement des minorités de langue officielle.

Mais il y a plus : encore une fois, cette histoire démontre sans l’ombre d’un doute qu’il est grand temps de moderniser la Loi sur les langues officielles.

Départ à la retraite du directeur du bureau de la FCFA au Québec

L’équipe de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) du Canada a souligné cette semaine le départ de Pierre Bhérer, le directeur du bureau de la FCFA au Québec. Pierre a pris sa retraite après s’être dédié pendant 15 ans à créer des rapprochements entre le Québec et les communautés francophones et acadiennes.

« Pierre a mis beaucoup d’emphase sur la création de liens entre la société civile québécoise et les organismes et entreprises de nos communautés. Sous sa direction, notre bureau au Québec a travaillé à bâtir des partenariats et à créer des occasions de collaboration, d’échange et de transfert d’expertise. On lui doit aussi les excellents liens de la FCFA avec le Secrétariat du Québec aux relations canadiennes », souligne le directeur général de la FCFA, Alain Dupuis.

Le mandat de Pierre à la direction du bureau de la FCFA au Québec a aussi vu l’adoption de la Politique du Québec en matière de francophonie canadienne et la création du Centre de la francophonie des Amériques, avec lequel la Fédération entretient maintenant des liens étroits de collaboration.

La FCFA est maintenant à la recherche de candidats et de candidates pour combler le poste de direction du bureau au Québec. Jusqu’à la nomination d’une nouvelle personne pour occuper ce poste, les dossiers ayant trait aux relations avec le Québec seront traités à partir du siège social de la Fédération à Ottawa.

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