Vendredi dernier, c’était le dernier jour de Graham Fraser en tant que commissaire aux langues officielles. À quoi pensait notre commissaire en entrant au travail ce matin-là pour la dernière fois, au terme d’un mandat de dix ans au service des langues officielles? Peut-être au message qu’il martèle depuis les débuts de son mandat : les langues officielles, le bilinguisme sont l’affaire de tout le monde au pays, et pas seulement des francophones. Chacun doit se sentir concerné. La bonne nouvelle de la dualité linguistique appartient à chaque Canadien et Canadienne; et le projet de société qu’elle sous-tend aussi.
Comment ne pas être d’accord? Cette vision généreuse, inclusive, voulant que l’on partage des valeurs communes qui sculptent une identité canadienne unique, c’est aussi celle que la FCFA met de l’avant.
Et plus que jamais en 2016, nous avons eu des occasions pour le dire et le répéter : la dualité linguistique n’a de sens et de réalité que si on comprend à quel point elle s’appuie sur la présence du fait français partout au pays, et donc sur des communautés francophones vivantes, actuelles, dynamiques et modernes. Des communautés équipées pour faire face aux défis qui les attendent et les surmonter; des communautés fières de leurs accomplissements et ayant les moyens de leurs aspirations. Des communautés qui contribuent de façon positive et significative au grand projet canadien.
Pour porter ces messages, la FCFA a comparu devant quelque 10 comités parlementaires en cours de l’année, participé à presque autant de consultations, rencontré députés, ministres, sénateurs et sénatrices, animé la concertation de grands joueurs de la francophonie canadienne, pris position en faveur du développement de nos communautés dans de multiples secteurs : éducation, petite enfance, médias communautaire, justice, réforme électorale, immigration, et j’en passe.
Au terme de cette année boulimique et hyperactive, nous sommes heureux des avancées que nous avons obtenues : création du volet Mobilité francophone à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada, annonce de la révision du règlement de la Loi sur les langues officielles, retour prévu du Programme de contestation judiciaire. Et nous avons aussi de grands espoirs pour 2017 et ses suites.
De grands espoirs, évidemment, en raison du futur Plan d’action pour les langues officielles; et de grands espoirs surtout pour les francophones, francophiles, franco-curieux (une expression qui va faire date!) qui vivent dans nos communautés, et qui désirent y vivre en français, et y voir se déployer davantage es différentes couleurs de la langue française.
En même temps, nous ne sommes pas naïfs. Nous savons bien que les minorités, quelles qu’elles soient, sont condamnées à lutter. Mais elles sont aussi appelées à évoluer et dans notre cas, à tendre la main à leurs partenaires de tous horizons. Car nous savons que ce projet d’un pays qui comprend, respecte, valorise et appuie ses fondements sur la force de sa dualité linguistique, est un projet de société que nous ne pouvons réussir seuls.
Le 31 décembre, Calgary célébrera la fin de 2016 et l’arrivée de 2017 dans le cadre d’une cérémonie où les deux langues officielles seront mises en valeur. Calgary. En Alberta, grâce à un maire ouvert et visionnaire. Un maire qui nous démontre que le bilinguisme peut être présent là où ne l’attendait pas, et s’exprimer naturellement sans causer de dégâts. Le bilinguisme peut simplement exister, et la dualité être célébrée. Calgary qui célèbre 2017 dans les deux langues, c’est un peu du rêve de Graham Fraser qui se réalise : les langues officielles, c’est aussi aux anglophones de les porter et de les valoriser. Et de plus en plus, nous constatons que c’est le cas.
Nous aurons encore des batailles à livrer en 2017 et après; nous aurons encore, des enjeux auxquels nous attaquer, des défis à surmonter, des projets à réaliser. Mais 2017 sera aussi l’année où, célébrant les 150 premières années de la Confédération canadienne, nous devrons construire les 150 années du Canada à venir. Construisons-les pour qu’elles soient meilleures encore : pour nous, notre identité, nos enfants, nos amis, nos voisins. D’ici là, prenons quand même le temps de souffler un peu et surtout, de célébrer nos accomplissements! À tous ceux et celles qui ont la vie en français à cœur, merci d’avoir été là en 2016, présents, actifs, engagés! Nous vous souhaitons de terminer décembre en beauté et de passer un joyeux temps des Fêtes.
Sylviane Lanthier