Allocution du président de la FCFA, Jean Johnson À l’occasion d’une conférence de presse au studio Charles-Lynch

29 Jan 2018

Bonjour à tous et à toutes, merci d’être ici aujourd’hui.

Je m’appelle Jean Johnson, et je suis le président de la Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada, la FCFA. Nous sommes ici ce matin au nom de 2,7 millions de Canadiens et de Canadiennes d’expression française qui vivent en situation minoritaire dans neuf provinces et trois territoires.

Nous avons choisi de faire une conférence de presse ici, en ce jour de rentrée parlementaire, parce nous en avons assez d’attendre pour des gestes concrets d’appui du gouvernement en appui aux minorités francophones.

Voilà maintenant presque 27 mois que ce gouvernement est arrivé au pouvoir. Depuis ce temps, nous avons eu beaucoup de belles paroles sur l’engagement du gouvernement en matière de langues officielles. Il y a eu de multiples consultations, au cours desquelles nous avons répété qu’il y avait urgence d’agir pour freiner l’érosion des organismes, des institutions, des centres communautaires et culturels francophones partout au pays. 

Au début du mois dernier, la FCFA a chiffré à 575 millions de dollars sur cinq ans le montant supplémentaire qu’il faut investir à cette fin. Ce montant est nécessaire pour réparer les torts causés par plus d’une décennie où les investissements du gouvernement dans nos communautés n’ont même pas été indexés au coût de la vie. Plus d’une décennie où la majeure partie des sommes investies par le gouvernement en langues officielles sont allées aux agences et ministères fédéraux et aux autres gouvernements, pendant que les organismes dans nos communautés peinaient à faire face à la demande qui ne cesse d’augmenter, partout au pays, pour des services et des activités en français.

Plus d’une décennie de manque de leadership au cours de laquelle des institutions fédérales ont continué à ignorer impunément leurs obligations linguistiques, pendant que les francophones attendaient en vain que le Premier ministre prenne ses responsabilités et donne une directive claire pour le plein respect de la Loi sur les langues officielles.

Lorsque le Premier ministre du Canada s’engage personnellement par rapport à un dossier, les choses bougent. Et cet engagement personnel de Justin Trudeau envers les langues officielles, envers même les minorités francophones, on l’attend encore.

Que Monsieur Trudeau déclare qu’il croit au bilinguisme, ce n’est plus suffisant. Pas quand cela fait deux ans qu’on attend des gestes concrets à l’appui. Les francophones n’attendront plus.

Nous donnons au gouvernement deux mois pour poser des gestes significatifs dans le dossier des langues officielles. D’ici le 31 mars, nous voulons une déclaration du Premier Ministre établissant clairement que la dualité linguistique, le respect de la Loi sur les langues officielles et l’appui aux minorités de langue officielle sont des priorités pour son gouvernement.

D’ici le 31 mars, nous voulons un plan d’action pour les langues officielles conçu pour faire une différence pour les francophones, pas pour les fonctionnaires. 

Un plan d’action administré et géré par le bureau du Conseil privé, le ministère du Premier ministre, le seul avec l’autorité sur l’ensemble de l’appareil fédéral.

Un plan d’action qui comporte 575 millions de plus pour freiner l’érosion de nos communautés.

C’est un investissement, pas une dépense. J’ai parlé de 2,7 millions de Canadiens et de Canadiennes d’expression française à l’extérieur du Québec. Ce chiffre inclut tous ceux et toutes celles qui ont appris le français comme langue seconde, ceux et celles qui ont fréquenté des cours d’immersion, ceux et celles qui veulent être bilingues parce qu’ils savent qu’en 2050, le français pourrait être la langue la plus parlée au monde, avec tous les avantages économiques que cela représente pour le Canada.

Il faut investir dans des milieux de vie où tous ceux et toutes celles qui ont choisi le français, que ce soit leur langue maternelle ou leur langue seconde, peuvent utiliser cette langue. Ce rôle, seules les communautés francophones en situation minoritaire peuvent le jouer. Si on n’investit pas dans leur développement, on coupe les deux jambes aux efforts pour faire avancer le bilinguisme au pays, et le Canada perd une partie de son avantage économique francophone.

Nous voulons de l’action pour nos communautés, nous voulons du leadership pour l’égalité des deux langues officielles du Canada. C’est pourquoi j’annonce aujourd’hui que la FCFA et ses 18 organismes membres seront de retour ici, sur la Colline, pour une journée d’action le 1er mars prochain. À l’occasion d’Équipe francophonie, des dizaines de représentants et représentantes des communautés francophones de partout au pays rencontreront des parlementaires. Nous leur parlerons, oui, du plan d’action pour les langues officielles, mais surtout nous leur dirons que le temps est venu de revoir de fond en comble la Loi sur les langues officielles afin qu’elle soit enfin respectée.

Ce jour de rentrée parlementaire est aussi celui de l’entrée en fonction de notre nouveau commissaire aux langues officielles. En décembre, lors de sa comparution au comité des langues officielles, Raymond Théberge reconnaissait que les francophones veulent un commissaire avec du mordant, mais ajoutait qu’il faudrait aussi une loi avec du mordant. Moi, j’ajoute qu’il faudrait aussi un gouvernement avec du leadership.

Dans deux mois, alors que nous serons à un an et demi des prochaines élections, nous saurons quelles conclusions tirer par rapport au gouvernement Trudeau à ce chapitre. 

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